Un très bon bistrot
Eh, eh, poussez l'huis du Moulin à Vent et vous en resterez comme deux ronds de flan: zinc martelé (sens propre et figuré, le pauvre a du en voir...), portes de frigo en bois, dessertes hors d'âge, carrelage moucheté, miroirs biseautés, banquettes en moleskine courant sur toute la salle, réclames en V.O. ou en repros aux murs, "cadavres" alignés comme à la parade. Un bistrot qui a vécu, quasi-octogénaire dans son jus 1946, dont l'enseigne cru du beaujolais, rappelle qu'il se trouvait juste en face de la défunte Halle au Vins. Manquent simplement Maigret ou Gabin, au choix. En hommage à ce monument historique du bistrot et à la pérennité de la maison, les nouveaux proprios (millésimés 2019), bien et sympas dans leurs baskets, n'ont rien changé de la carte: gratinée aux oignons, os à moëlle, escargots, désuètes carottes et betteraves râpées (comme les pruneaux d'Agen à l'armagnac et même un calvados Lebey, sic!). Et en vedettes, le chateaubriand grillé (filet de bœuf de Salers) sauce béarnaise, et les immanquables cuisses de grenouille fraîches qu'on accompagne de pommes sautées à l'ail, lequel n'est pas mégoté puisqu'il embaume la totalité de la salle! De leur côté, l'œuf bio mayo maison, cuit au chrono, fait honneur à notre ASOM (Association de Sauvegarde de l'Œuf Mayonnaise) jusqu'à remporter cette année le Championnat du monde de l'œuf mayo, le navarin d'agneau pommes vapeur déborde de générosité et l'on s'achève en toute volupté à la profiterole géante sauce chocolat.